Les aménagements cyclistes dans la ville belge sont loin de tout ce que l’on connaît de ce côté-ci de la frontière. Le vélo y est vraiment roi, ce qui donne, avec un secteur piétonnier important, une ville apaisée.
Il suffit de quelques minutes, en arrivant à Gand, pour s’apercevoir que rien, par rapport à Lille et à sa métropole, n’est comparable. Ici, le vélo est roi, tout simplement. Mia résume la situation, tout sourire, malgré un temps nordiste : « Bien sûr que je suis venue à vélo, j’habite à De Pinte, qui n’est qu’à dix kilomètres. C’est pour un rendez-vous chez le docteur et faire des courses. Le vélo, c’est mieux que le tramway et bien sûr que la voiture… Il faut d’ailleurs trouver une place et c’est cher. »
Mia, qui habite De Pinte, n’hésite pas à faire des déplacements de dix kilomètres minimum à vélo.
Des aménagements le long des canaux
Autour de nous, tout en discutant, il n’y en a que pour le vélo : les cyclistes déboulent de partout, trop heureux d’être prioritaires, avec ce qui est somme toute assez fascinant pour nous, habitants de la métropole lilloise : des rues interdites à toute circulation… sauf aux vélos. « C’est vrai que ça peut paraître beaucoup, de faire de si longs déplacements au quotidien, poursuit Mia, mais en fait ce n’est rien, c’est très agréable, nous sommes nombreux, et tout est aménagé, notamment le long des canaux et de la Lys… »« Il y a dix ans environ, ce n’était pas comme ça, les choses se sont bien améliorées. »Pour autant, Mia n’a pas toujours eu le sourire : « Avant, il y a dix ans environ, ce n’était pas comme ça, les choses se sont bien améliorées. » Ce qui donne « une ville très agréable » pour une autre cycliste, Shkurté, qui est « plus faite pour les vélos que pour les voitures ». D’autant plus que le centre-ville, qui a le secteur piétonnier le plus grand d’Europe, est aussi décrété zone de basses émissions afin d’améliorer la qualité de l’air…
« Peu de risques »
C’est dire si tout cela donne une ville apaisée, sereine avec des cyclistes qui n’hésitent pas à utiliser toutes sortes de vélos (couchés, allongés, cargo…). Comme Mike, qui circule avec son fils : « Le plus agréable est bien évidemment qu’il y a peu de risques. On se sent bien. » Car même à l’extérieur de la ville, à des carrefours un peu compliqués, le cycliste n’est jamais, comme souvent en France, « abandonné ». Il y a toujours une voie pour lui, sécurisée.La longueur des itinéraires laisse aussi rêveur, comme la Gentse Fietsen Route, une voie pour les vélos longue de trente-sept kilomètres. Ce qui nous emmène largement autour de Gand et de ses différents quartiers. De quoi donner envie aux visiteurs d’emprunter un vélo, et d’espérer qu’un jour, la métropole lilloise puisse s’inspirer de tels aménagements.
Une prise de conscience déjà ancienne
Un premier plan vélo en 1993
Cela fait déjà quelques années que les élus de Gand mènent une action volontariste en faveur du vélo. Le premier plan date de 1993, avec des pistes cyclables principales permettant aux quartiers d’être reliés dans de bonnes conditions au centre-ville. Une action qui n’a fait que se renforcer au fil des années, et même dès 1997, avec un plan de mobilité pour le centre-ville (35 ha en zone piétonne).Des rues cyclables
En 2011, la ville va plus loin, en donnant la priorité à la circulation des vélos, avec l’inauguration de la première rue cyclable, ce qui a contribué à faire bondir le nombre de déplacements à vélo, estimés aujourd’hui à 30 %. Dans le même temps, le nombre de parkings vélo a été augmenté, avec l’objectif, dans chaque quartier, d’avoir un emplacement vélo à 100 mètres maximum de chez soi.Wervik (B) : priorité aux vélos dans le centre historique, avec les rues cyclables
Un peu avant l’été, la ville de Wervik a mis en place un nouveau plan de circulation dans le centre-ville. Avec les rues cyclables, interdiction désormais de doubler les vélos.
Même les vélos doivent s’y faire. Ils ont encore parfois tendance à vouloir laisser les voitures les dépasser. Sauf qu’avec la mise en place des rues cyclables, dans cette portion de 900 mètres située dans le centre historique de Wervik, limitée à 30 km/h, les voitures n’ont plus le droit de doubler les deux roues. C’est presque aussi simple que cela.
N’allez pas croire que cela s’est fait d’un coup de baguette magique. Il a fallu pas loin de deux ans d’études et de réflexions pour mettre en place ce nouveau plan de circulation. « Une révolution » ou une vélorution, dixit Bart Punket, échevin à la mobilité. Qui répond à plusieurs enjeux. D’abord apaiser la circulation et sécuriser le centre-ville, devenu dangereux pour les écoliers. Des parents ne voulaient plus que leurs enfants aillent à pied ou à vélo à l’école.
Ensuite réduire le flux des véhicules dans les petites rues du centre, alors que beaucoup n’y font que passer. « 80 % des Français qui rentrent dans Wervik vont vers Comines-Warneton (B) sans s’arrêter. » Il a donc fallu imaginer un plan de circulation qui permette à ces véhicules de ne plus rentrer dans le cœur de ville, avec un jeu de sens uniques.
Dans les rues où il n’y a pas de double sens de circulation, une voie inverse, matérialisée par des plots, a été mise en place pour les cyclistes. Un moyen aussi de dissuader les automobilistes de griller la politesse aux vélos.
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