Le Vélo dans la Métro (1) : Pour les véloroutes et voies vertes "la MEL a perdu dix ans !"

 


Premier volet de notre série d’été consacrée à l’évolution de la pratique du vélo à l’intérieur des frontières de la MEL. Le Lillois Julien Dubois est le président de l’association française pour le développement des véloroutes et des voies vertes (AF3V). Il juge sévèrement la situation dans la métropole européenne de Lille (MEL).


Julien Dubois, au second plan, ne peut que constater l’inadaptation de certains équipements sur les pistes cyclables. Archives La Voix
Julien Dubois, au second plan, ne peut que constater l’inadaptation de certains équipements sur les pistes cyclables. Archives La Voix
Même si les origines de l’association sont essentiellement liées au vélo de voyage, l’AF3V s’intéresse aujourd’hui de près à l’évolution du cyclisme du quotidien. Pour preuve, la campagne de communication menée lors de la campagne des élections régionales sur le thème En route pour le vélotaf. Vélotaf signifiant l’usage du vélo pour se rendre au travail.

Ici, la véloroute est recouverte d’enrobé. Mais ce n’est que sur une brève portion. Archives La Voix
Ici, la véloroute est recouverte d’enrobé. Mais ce n’est que sur une brève portion. Archives La Voix

L’association a comme domaine d’intervention les véloroutes et les voies vertes, à l’exclusion des équipements de type piste ou bande cyclable. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne pense qu’aux week-ends et aux vacances. « Les voies vertes doivent prendre en charge les besoins du quotidien, souligne Julien Dubois, président national de l’AF3V. Elles doivent être écologiques et inclusives. » Comprenez que ces axes « devraient aussi être faits pour redonner de la mobilité aux personnes en situation précaire, qui n’ont pas accès à la voiture ». Ce qui concerne, entre autres catégories, les jeunes sans permis.

« Les voies vertes en enrobé voient passer cinq fois plus de cyclistes que celles en stabilisé. »

Sauf qu’à Lille et dans la métropole, « elles sont encore pensées uniquement sous l’angle loisirs, alors qu’elles devraient permettre la liaison entre la périphérie et la ville. Pour l’instant, on en est très loin ».

D’autant que les véloroutes existantes ne sont pas, techniquement, une réussite  : « La MEL a fait le choix d’un revêtement stabilisé, un mélange de sable et de ciment, au lieu d’un enrobé. Cela va à l’encontre des objectifs du plan de déplacement urbain. »

Un vélo léger pourra être soulevé. Mais, avec un vélo lourd, c’est la galère. Archives La VoixUn vélo léger pourra être soulevé. Mais, avec un vélo lourd, c’est la galère. Archives La Voix

C’est totalement contre-intuitif mais le bilan environnemental de l’enrobé, qui est pourtant un dérivé pétrolier, est bien meilleur, sur tous les points, que celui du stabilisé : « Bilan carbone, gaz à effet de serre, imperméabilisation, ruissellement, durabilité, l’enrobé coche toutes les cases ! »

Les cyclistes connaissent bien le vieillissement rapide de ce revêtement (une durée de vie de 6 ans en moyenne, contre 15 à 20 ans pour l’enrobé). Il se fend, se morcelle, permet la formation de flaques à la moindre averse… Ce qui se traduit dans les chiffres : « Les voies vertes en enrobé voient passer cinq fois plus de cyclistes que celles en stabilisé. » En maintenant ce choix technique, « la MEL a perdu dix ans ! »

Et s’il n’y avait que le revêtement… Les voies vertes métropolitaines sont équipées de dispositifs pour en empêcher l’accès aux deux-roues motorisés. Sauf que ce sont les vélos de voyage et leurs sacoches, les vélos avec siège enfant, les vélos-cargos, etc., qui se retrouvent coincés.

Si le plan métropolitain annoncé avec les vacances permet de corriger ces défauts, les voies vertes de la Haute-Deûle et de la Basse-Deûle pourraient devenir des véloroutes exemplaires.

À quoi sert l’AF3V?

Comme on peut le lire sur son site Internet, l’AF3V a été créée en 1997 par des militants issus d’associations pour les modes de déplacement actif. Ces personnes s’étaient rencontrées en participant, en 1996 et 1997, au groupe de travail interministériel « véloroutes ».

L’AF3V est née autour de l’idée des voies vertes à vocation touristique mais elle s’est depuis intéressée au vélo du quotidien. Archives La Voix


L’objectif de l’association est de « faire connaître le concept des voies vertes en France et d’inciter à la construction d’un véritable réseau d’itinéraires de longue distance et d’intérêt touristique ». Mais pas seulement puisque l’association a depuis pris en compte la dimension sociale et d’insertion de la bicyclette.

Dès 1998, l’AF3V inspire le premier schéma directeur des itinéraires cyclables prioritaires du Comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire (CIADT).

En 2000, le premier catalogue des véloroutes et des voies vertes recense les 12 aménagements existant. En 2010, la quatrième édition du guide présentait 250 itinéraires !

Une carte interactive, sur le site Internet, permet de découvrir les voies existantes et de préparer ses itinéraires.

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